En deux mois ma fille de deux ans oublie l’hébreu et apprend à parler français comme les autres fillettes du même âge. À la maison nous parlons roumain. Nous faisons un voyage d’une semaine, nos premières vacances en Europe sans elle. Agnès a tellement eu peur de ne plus nous revoir que je décide de ne plus la laisser seule, de l'emmener partout, toujours, avec nous. Ce que je ferai.
J'apprends à conduire une voiture en conduisant, avec un permis international délivré à Bruxelles. Je commence à mieux comprendre, à mieux parler français, mais moins vite que ma fille. Je recommence à travailler, enfin. Mais l'important, l'essentiel reste ma fille et ma famille.
À 30 ans, je tombe enceinte mais je perds l’embryon de deux mois.
À l’hôpital de Lyon on me traite en lépreuse, en meurtrière - comme les gens peuvent être méchants ! On me laisse perdre mon sang ; finalement on pratique quand même le curetage... d'un embryon mort depuis des semaines, mais seulement vers le matin, après que le médecin que j'ai vu auparavant, fut intervenu. La méchanceté de certaines infirmières, la barbarie des certains internes, je l'ai constatée, cette fois, sur moi.
Puis nous partons dans le nord de la France, à Ham.
Deux ans plus tard, après trois mois de repos absolu pour ne pas le perdre et d'autres mois d'attente, Lionel, mon fils est né ! De nouveau les joies de l’allaitement et d’être une famille, à quatre cette fois-ci. Mais, hélas, l’entente entre nous casse très vite.
Mon plaisir avec mes deux enfants demeure, nous sommes restés toujours "nous". Mes enfants m'ont donné énormément de joie, peu de tristesse et pas de soucis trop lourds. Mais Sandou me dit “Il n'y a pas de contrat d'amour” et s'en va presque tous les soirs en nous laissant seuls. Je me sens non désirée et je désire.
Au début, je ne savais pas pourquoi.
Puis je découvre une lettre d'amour d'une jeune femme roumaine à Sandou, d’une femme avec laquelle il a couché en Roumanie pendant la visite à ses parents, pendant la période où j’étais couchée pour préserver la vie de notre futur fils et où il me laissa seul pour “revoir ses parents”. Je sens encore ce souffrance-là aussi, tellement cette découverte m’a heurté. La trahison de Sandou, la certitude qu’il m’avait trompée aussi, mais surtout de m'être trompée sur lui.
J'avais beaucoup supporté de lui tout en l'aimant éperdument, parce qu'on a été “nous” dans mon esprit et j'étais convaincue qu'il m'aimait, quelquefois contre toute évidence. Je pensais que mes intuitions étaient pure imagination, qu’il se sentait seul hors de Roumanie, bref, je lui trouvais, il s'est trouvé plein d'excuses pour ses comportements... Mais là, devant l'évidence, mes yeux se sont ouverts et j'ai tout révisé.
Il a reconnu d'ailleurs plus tard, avant de m’amener à Paris, qu'il m'avait trompé... déjà la première semaine après notre mariage. Et ainsi de suite... Des excuses, bien sûr il s'en trouvait : “parce que vous êtes partis avec ton père visiter vos amis. Sans moi !”
Tout s'écroulait pour moi. Tous mes rêves de mariage, de bonheur, d’amour, de ma famille unie. Plus tard, il sortait avec une jeune femme mariée, dont le mari état à l'armée, une femme de plus de 10 ans plus jeune que nous, cela a duré plus de trois ans.
Je me sentais si vieille à 34 ans !
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